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Le Tchad peine à avoir une armée véritablement nationale et républicaine

Le rôle traditionnel de l’armée est de défendre l’intégrité du territoire national face aux agressions extérieures, d’assurer la paix à l’intérieur de ses frontières. L’armée ne peut accomplir des actes qui sont contraires aux lois et aux conventions internationales qui sont entre autres la protection des prisonniers de guerre, les personnes civiles, les blessés, le personnel sanitaire et religieux. L’armée participe également à la mise en œuvre d’autres politiques publiques : politique étrangère, sécurité civile, santé publique etc.  Les causes principales qui n’a pas permis au Tchad d’avoir une armée véritablement nationale, sont la création de cette milice dénommée DGSSIE (direction générale de service de sécurité des institutions de l’Etat), le recrutement dans l’armée sur des bases purement ethniques et régionalistes, la marginalisation d’une partie de l’armée et le favoritisme conduisant à l’ascension fulgurante en grade des uns au détriment de la grande masse de l’armée.

L’armée dite nationale de 1982 à nos jours

Le choix de cette date n’épargne nul part les régimes précédents mais c’est à ce moment que la détérioration a commencé à prendre de l’ampleur avec des recrutements sur des bases purement ethniques et régionalistes sans le respect des procédures ni des critères de recrutements dans l’armée. Le dommage a atteint son paroxysme depuis la prise de pouvoir par Deby jusqu’à ce jour. Deby a créé une milice dénommée DGSSIE, cette milice depuis sa création en 2005 est composé à 90% de ses proches parents dans le but tout simplement de protéger son régime dictatorial, antidémocratique et très médiocre en termes de développement. La DGSSIE a un effectif de plus de 14 000 hommes, surarmées et présentes dans tous les coins du Tchad. Ils sont bien entrainés, bien équipés, bien traités 3 fois plus que les autres. Au sein de cette milice, les grades sont distribués comme des cacahuètes, il y a même des généraux de moins de 35 ans, l’exemple palpable est celui des fils de Deby : Abdelkerim Idriss Deby et Mahamat Idriss Deby, l’actuel Président de la transition, qui est devenu général de brigade à moins de 35 ans et général 5 étoiles à seulement 37 ans.

Il y a plus de 500 généraux et la moitié viennent d’une seule ethnie de Deby ( zaghawa), une ethnie qui ne représente que 2% de la population tchadienne selon INSEED (Institut National de Statistiques, Etudes Economiques et Démographiques). Au sein de la DGSSIE se trouve un nombre important des combattants d’une milice appelée toroboro située au Darfour au Soudan, cette milice est composée essentiellement de l’ethnie zaghawa du Soudan.

Ce traitement deux poids deux mesures de l’armée est à la base de la perte du rôle régalien de l’armée, qui est d’être au service de la nation et du peuple.

La DGSSIE est impliquée dans de nombreux cas d’exécutions sommaires, de violations des droits de l’homme, d’enlèvements, de disparitions et des répressions sanglantes des manifestants. Toutes les sales besoins ont été et continuent d’être confiés à cette milice.

Le soldat de l’armée nationale

Le recrutement dans l’armée ne respecte pas les règles régissant ce noble métier, surtout l’enquête de moralité et le casier judiciaire. Il y a un nombre important des délinquants, ratés sociaux, des criminels dans l’armée et c’est ce qui explique amplement les bavures quotidiennes et les crimes des soldats envers la population civile.

Quant à leurs conditions de vie, le soldat de l’armée nationale subi une énorme injustice : mal nourris, moins équipé et en plus il a un salaire de misère. L’avancement en grade est réservé à des infimes groupes ethniques et ceux qui ont un parent haut gradé dans l’armée. Je termine ce paragraphe par la pensée de Anatole Ayissi de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement qui explique parfaitement le cas du Tchad : “A côté des nantis, il existe une autre armée tout au fond de l’échelle sociale de la hiérarchie militaire. Elle est faite de tous ces marginalisés en uniforme, miséreux, clochardisés au cœur d’une galaxie où les privilégiés affichent scandaleusement leur puissance et leur richesse’’.  

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/tchad/tchad-portrait-robot-d-une-armee-singuliere_4604245.html

L’armée tchadienne a besoin des profondes reformes

La première chose est de faire un nettoyage en faisant partir en retraite anticipée les 3/ 4 des généraux en majorité des vieillards analphabètes seigneurs de guerre présents dans l’armée, les délinquants et criminels. La seconde chose est de fusionner toutes les différents corps créés sous forme de milices sous un seul commandement et les restes suivra sans fournir trop d’effort.

La réforme de l’armée pour la rendre véritablement nationale, est un impératif si nous voulons construire un Etat démocratique au service du peuple. “Au Tchad, le militaire est politique depuis le milieu des années 70’’ disait l’anthropologue Remadji Hoinathy et donc la dépolitisation de cette armée est l’un des impératifs pour un Tchad nouveau.

Croire aux élections libres et transparentes avec cette armée clanique ou une partie pense toujours que le pouvoir est une affaire de famille, est tout simplement une utopie et de l’illusion.

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Auteur·e

saddamiyoune

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